Stages de seconde : la supercherie pour imposer le SNU

A partir de juin 2024, les élèves de seconde générale et technologique devront faire un stage obligatoire de 2 semaines « d’observation en milieu professionnel ». Cette annonce tombée du ciel ressemble bel et bien à un tour de passe-passe pour imposer le Service National Universel.

Ce projet a été annoncé à la rentrée sans aucune consultation. Le 16 novembre, il a été massivement rejeté au Conseil Supérieur de l’Éducation. Comme souvent, l’annonce a été faite dans les médias sans concertation et sans réflexion sur les modalités de mise en œuvre. Le ministère est toujours incapable de répondre à de nombreuses interrogations sur l’encadrement, le suivi, la sécurité des jeunes… Et comment envoyer 550 000 élèves en entreprise en même temps ?

Des stages en secondes pour les élèves de familles socialement favorisées ...

Ces stages seront obligatoires pour tous les élèves du 17 au 28 juin 2024. Les difficultés de trouver un stage pour les élèves sont nombreuses et les inégalités d’accès réelles au regard leur territoire d’habitation, de l’origine sociale , de leur genre, de leur origine ethnique....Qu’à cela ne tienne ! le ministère trouve un subterfuge pour imposer le SNU. En effet, le séjour de cohésion du SNU pourrait remplacer le stage en entreprise.

Le ministère a annoncé que le stage en entreprise pouvait être remplacé par un séjour à l’étranger pour les élèves qui en ont les moyens. Gabriel Attal a également déclaré devant le patronat que les « jobs d’été » pourraient faire office de stage pour les élèves de seconde.

Du SNU pour les autres ...

Le Service National Universel est un dispositif d’inspiration militaire mis en place en 2019 et porté par le président Macron comme une véritable ambition politique. Malgré l’échec de sa première application et le refus quasi unanime des organisations syndicales, des représentants de parents d’élèves et de la jeunesse, le gouvernement s’entête et lance des appels à projets dans les établissements pour la rentrée 2023 avec « les classes et lycées engagés ». Le gouvernement persiste et s’entête dans sa volonté de généraliser le SNU, les stages en seconde appairassent donc comme un bon alibi. Un entêtement qui coûterait cher, en effet le Sénat estime la généralisation du SNU à 2 milliards d’euros alors que l’école manque de tout !
De nombreuses questions restent aussi en suspens : ce séjour sera-t-il possible que pour les lycées labellisés ? Quelle place pour les professeures ? Exclut-il toujours les élèves étrangers ? D’autres interrogations légitimes se posent face à l’échec des séjours précédents sur l’organisation, l’encadrement, la santé et la sécurité des élèves…
Le SNU porte une vision idéologique, passéiste et conservatrice de l’éducation à la citoyenneté. Il se nourrit du fantasme du service militaire, et présenté comme la solution aux problèmes de laïcité, d’incivilité, de violences …. Les personnels ne se reconnaissent pas dans cette vision, et refusent d’être le bras armé d’une telle politique. Nous continuerons à construire une culture commune démocratique basée sur l’exercice de l’esprit critique et l’émancipation.

Des stages de seconde contre la crise de recrutement des professeurs

Des stages de seconde comme solution à la crise de recrutement des professeur.e.s ? Faute d’attirer les étudiant.e.s par une vraie revalorisation de nos salaires, de meilleures conditions de travail et une reconnaissance de notre métier, le ministère pense que des stages pour des élèves de seconde avec des professeur.e.s des écoles susciteraient des vocations… La fonction publique proposerait ainsi 100 000 stages.

Le lycée Blanquer, le nouveau calendrier du bac et les dernières annonces gouvernementales ont suffisamment désorganisé nos établissements pour y ajouter les stages en seconde. Ce dispositif est inégalitaire et tente d’imposer le SNU. Nous le refusons, il dénature notre métier et offre une vision dangereuse de la citoyenneté.
Notre école est émancipatrice, valorise l’exercice de l’esprit critique, offre un accès à des savoirs exigeants pour tous les élèves et lutte contre les inégalités sociales .