9 mai 2025

Actualités

Des cours en visio faute de professeures remplaçantes, indigne du service public d’éducation

Malgré une forte opposition des organisations syndicales, l’académie d’Aix-Marseille a lancé à la rentrée 2024 l’expérimentation de brigades numériques de remplacement. Pour l’instant, le dispositif concerne des remplacements de plusieurs semaines faute de TZR ou de contractuelles.

Des suppressions de postes et une crise d’attractivité à l’origine des problèmes de remplacement

Contrairement à ce que le rectorat avance, les difficultés de remplacement ne s’expliquent pas par des exigences trop élevées des professeures contractuelles mais bel et bien par les politiques gouvernementales. Notre académie comme ailleurs a fait les frais depuis plusieurs années de suppressions de postes dans l’ Éducation Nationale. Entre 2018 et 2023, les collèges et les lycées publics ont perdu 8 865 postes de professeures alors même qu’ils accueillaient 7 441 élèves supplémentaires. Pourtant la politique budgétaire d’austérité et les discours sur l’économie de guerre vont dans le sens d’une réduction des dépenses publiques avec une économie de 40 milliards prévue pour le budget 2026.
La crise d’attractivité s’est amplifiée avec une chute spectaculaire du nombre d’inscrites aux concours. Pour recruter, il faut revaloriser les salaires et améliorer les conditions de travail. Le budget 2026 prévoit le maintien du gel du point d’indice et aucune augmentation de nos rémunérations.
Le problème de remplacement n’est pas non plus lié à un absentéisme chez les enseignantes. Ils, elles ne sont plus en arrêt maladie que les salariés du privé. Le jour de carence et la baisse de l’indemnisation des arrêts maladies ne risquent pas d’attirer de nouveauxelles candidates dans la fonction publique !

La visioconférence, ce n’est pas un cours

Une séance en visio n’est pas un cours, la relation pédagogique est empêchée. Des TZR dispensent un cour en visio dans leur établissement de rattachement. Les élèves sont accompagnées dans la classe par un AED. Dans cette configuration, les échanges entre élèves et professeures sont extrêmement limités comme les interactions entre élèves. La remédiation et la différenciation pédagogique semblent impossibles. L’accompagnement des élèves et les modalités d’évaluation sont dégradés. Ce dispositif accroît les inégalités et dégrade l’inclusion, les besoins différenciés des élèves aux niveaux et autonomies variables ne sont pas pris en compte. Cette expérimentation révèle d’une méconnaissance totale de notre travail et d’un mépris pour nos métiers. Elle s’inscrit dans un projet plus large d’une place grandissante du numérique et de l’intelligence artificielle, d’un abaissement du niveau du concours et d’une logique d’exécutantes pour nos métiers.

Un dispositif qui dégrade les conditions de travail des personnels

Ces postes de TZR en visio ont été présentés par le rectorat comme une solution pour des professeures et une amélioration de leur condition de travail. Pourtant, seulement 3 professeures sur 11 se sont portées volontaires : en anglais, en histoire-géographie et en lettres. Les contraintes physiques et psychologiques pour un travail exclusivement en visio sont fortes : temps d’écran, affaiblissement des relations sociales, isolement …
Pour surveiller les élèves, les AED sont réquisitionnées sans moyens supplémentaires. Les vies scolaires sont déjà en sous effectif et sollicitées pour des missions toujours plus importantes.
Les AED peuvent se porter volontaires mais ils/elles peuvent aussi être désignées en fonction de leur emploi du temps. Des conditions de travail dégradées pour des AED mal rémunérées.

Des retours négatifs, comme prévu !

Pour le rectorat, l’expérimentation est positive. Un questionnaire de satisfaction a été envoyé aux élèves, cheffe d’établissement et AED. Cette forme d’évaluation inspirée de la logique d’entreprise est inacceptable dans l’Éducation Nationale. Les chiffres n’ont pas été présentés par le rectorat qui affirme que les élèves sont satisfaites d’avoir eu cours plutôt que permanence. Leur laisser le choix entre un cours en visio ou rien n’est pas digne du service public d’éducation, la visioconférence n’est pas une solution aux problèmes de remplacement mais un renoncement à une véritable continuité pédagogique.
Les retours que nous avons eu sont beaucoup moins positifs. Des AED réquisitionnées pour surveiller les cours en visio mettant en difficulté le fonctionnement de la vie scolaire et de l’établissement. L’achat du matériel sur le budget de l’établissement déjà réduit par l’austérité et une inflation grandissante. Des conditions matérielles pas toujours réunies qui viennent se rajouter aux difficultés d’un enseignement à distance. Des problèmes de climat scolaire, difficile de motiver des élèves sans enseignante dans la classe . Des professeures de visio dans l’impossibilité de participer à la vie de l’établissement, d’échanger avec les collègues, de participer aux conseils de classe…

Les problèmes de remplacement sont réels notamment en lettres dans notre académie mais les cours en visio ne peuvent être une solution même temporaire.
Le SNES-FSU exige une revalorisation des rémunérations et une amélioration de nos conditions de travail par enrayer la crise de recrutement. Un plan pluriannuel de recrutement et une augmentation du vivier de profeseures remplaçantes titulaires.
Le 13 mai en grève et dans les manifestations pour défendre un service public d’éducation.