Ambiance de fin de règne, ambiance d’ancien régime aussi ! Connivence avec les grandes fortunes, humoristes bâillonnés, clientèles choyées, dépenses fastueuses, classes moyennes ponctionnées, milieux populaires éreintés, surveillés …La distance entre les élites et la population n’a jamais semblé aussi grande, le partage des richesses aussi inégalitaire dans une société moderne et démocratique, sixième puissance économique mondiale.

Prenons la réforme des retraites, élaborée dans la précipitation pour complaire aux milieux financiers : réforme injuste et brutale dont le coût serait supporté à 90% par les salariés et à 10% seulement par les détenteurs de capitaux. Les fonctionnaires, 25% des pensions de retraites versées en France, devraient supporter la majeure partie des sacrifices. Frappés comme les autres salariés par le recul des bornes d’âge et l’allongement de la durée de cotisation, les fonctionnaires verraient de plus leur salaire net baisser par le gel pendant trois ans de la valeur du point d’indice et la ponction sur leur salaire de 3% de cotisations retraites. Les femmes seraient encore durement touchées, comme l’illustrent les mères de trois enfants.

La question des retraites, comme celle des salaires ou des moyens alloués à la Fonction Publique, aux services publics ou à la protection sociale, n’est pas une question démographique : il s’agit de partager les richesses créées. L’alternative existe : augmenter les recettes de l’Etat et de la protection sociale en revenant sur la réforme Villepin de l’impôt sur le revenu, sur le « paquet fiscal » de 2007, en rognant les niches fiscales et les exonérations de cotisations patronales. Tout autre choix se traduirait par un recul social majeur.

Non, les salariés n’ont pas à payer la crise financière, non les citoyens n’ont pas à renoncer à une protection sociale ample et efficace, à des services publics modernes et développés, à une Fonction publique intègre et dévouée à l’intérêt général.

Dans notre secteur, la rentrée scolaire 2010 va marquer une rupture dans le service rendu au public : stagiaires à plein temps, réforme de la Seconde, socle et livret de compétences en collège, suppressions de postes, hausse des effectifs, réduction de l’offre de formation, casse de l’orientation scolaire, vies scolaires amputées … C’est le démantèlement du service public d’éducation et la dénaturation de nos métiers.

Dans ce contexte, dans le prolongement du succès de la journée du 27 juin, le SNES est déterminé à organiser à la rentrée scolaire la riposte nécessaire : nous appelons chacun à participer aux Assemblées Générales de la prérentrée pour faire des grèves de la semaine du 6 septembre, l’élément déclencheur d’une rentrée sociale de lutte.
Pour faire aussi que nos collègues, fonctionnaires d’Etat chargés de veiller à l’intérêt général, prennent le pouvoir dans les établissements pour que cesse l’empilement de réformes et d’injonctions technocratiques qui dénaturent nos métiers et délitent le service public d’éducation.

Laurent Tramoni