Pour le SNES : Caroline Chevé, Aurélia Dessalles, Magali Poujol, Séverine Vernet
Pour l’Inspection : Mmes Dumas – IPR d’arabe et Levicki – IPR d’Allemand, MM. André – IPR d’Anglais, M. Mauron – IPR de Provençal

La section académique du SNES avait organisé le 28 Avril un stage syndical sur les LVER auquel de nombreux collègues avaient participé. A l’issu de ce stage il avait été décidé de demander une audience aux IPR de langues. Il s’agissait pour nous de faire remonter les inquiétudes et les difficultés que vivent les enseignants de LVER en collège et en lycée.

En effet l’actualité en LVER est particulièrement riche. La rentrée prochaine sera marquée par de très nombreux changements pour les collègues de collège, avec un nouveau collège, de nouveaux programmes, nouveau DNB, nouvelle organisation pour la LV2, disparition d’une grande partie des dispositifs linguistiques (euro, bilangues). La charge de travail est énorme et l’impact prévisible sur les conditions de travail indiscutable, à commencer par la multiplication des compléments de service, voire à terme des mesures de carte scolaire.

Quant aux collègues enseignant en lycée, ils seront impactés par les modifications de la carte des langues et la diminution de l’offre d’option en lycée.

Ce qui ne sera pas sans conséquence sur des conditions de travail déjà bien mises à mal par les épreuves du baccalauréat. Ces épreuves, en place depuis 4 ans maintenant, qui doivent faire l’objet d’un bilan.

Il s’agissait donc pour la délégation du SNES de rappeler notre opposition à ces réformes que nous avons combattues avec détermination et qui vont s’imposer aux collègues ; mais aussi d’affirmer notre volonté, dans le cadre du mot d’ordre de « Résistance pédagogique », de peser sur les aménagements et de protéger les collègues quant à leurs conditions de travail.

Il s’agissait aussi de savoir comment les IPR concevaient d’accompagner les collègues dans ces changements qu’ils continuaient à massivement rejeter.

Collèges

Evaluations académiques

Nous étions déjà intervenus à plusieurs reprises pour dénoncer un dispositif lourd et de peu d’utilité pédagogique pour les enseignants. On peut en voir un effet dans leur simplification progressive depuis 10 ans et surtout dans la suppression des évaluations de Cinquième.

Cependant l’Inspection semble très attachée à leur maintien en Troisième, elle y voit des outils fournis et riches qui permettent aux enseignants de « mieux percevoir les attentes », et qui peuvent « nourrir une réflexion d’équipe pour se fixer des objectifs personnels et plus collectifs ». Pour l’inspection ces évaluations ne représentent pas une charge de travail excessive dans la mesure où elles pourraient servir de notes dans le trimestre grâce aux grilles de conversion fournies, et où l’Inspection évalue à 1 heure la saisie pour un collègue qui aurait deux classes de Troisième.

Devant notre étonnement et le rappel du rejet de ces évaluations par les collègues l’Inspection a répondu que le fait que 72% des élèves de Troisième soient évalués était le signe de l’adhésion des personnels à ces évaluations ! Nous renouvelons donc notre appel à ne pas pratiquer ces évaluations et à s’adresser à l’Inspection afin de lui confirmer le rejet de ce dispositif.

LV2 au DNB

Nous avons fait part des inquiétudes quant à la place de la LV2 dans les évaluations du DNB, et sur les attendus en fin de cycle. Les inspecteurs ont précisé deux points précis, en terme de niveau CERCL les bilangues sont considérées comme une LV1, et le niveau attendu en fin de 3è devrait bien être A2, si certains élèves atteignent B1 cela ne saurait être la norme. Nous avons eu l’assurance que la LV2 serait évaluée et qu’un groupe de travail était en préparation afin de clarifier l’évaluation en fin de cycle, et d’élaborer des outils, des grilles d’évaluation avec la DGESCO. La répartition des points entre les deux LV est aussi en discussion.

Réforme du collège, AP, EPI

Nous avons rappelé les conséquences de la réforme du collège sur les conditions de travail des enseignants de LVER. Le SNES, en appelant à la « Résistance pédagogique » pour la fin de l’année et la rentrée, entend à la fois peser pour obtenir des aménagements de la réforme lors du premier bilan annoncé par la Ministre pour la fin du premier trimestre, sauvegarder autant que possible la cohérence des enseignements et protéger les collègues contre la charge de travail excessive en les aidant à se ménager.

Concernant la mise en place des EPI et de l’AP en collège, si nous ne sommes pas opposés à une interdisciplinarité choisie par les équipes, nous nous opposons à toute organisation qui se transformerait en usine à gaz. Les EPI doivent rester inclus dans les horaires disciplinaires et nous encourageons les collègues à limiter l’EPI à deux disciplines, à mettre des appréciations type dans les bulletins. Concernant les LV dans les EPI, des inquiétudes demeurent car les LV ne sauraient être mise au service d’une autre discipline.

Pour l’Accompagnement personnalisé, l’expérience des lycées montre assez que mise en barrette et les groupes de compétences ne sont pas opératoires et verrouillent l’organisation des emplois du temps.

L’Inspection semble partager notre constat sur le fait de ne pas multiplier le nombre de disciplines en EPI. Ils affirment que l’EPI et l’AP sont des modalités et non des disciplines. Ces deux dispositifs restent disciplinaires, et peuvent/doivent être intégrés dans le déroulé normal d’une séquence pédagogique, l’AP peut servir pour faire de la pédagogie autrement, une activité différente mais en lien avec la séquence. Donc en AP comme en EPI on enseigne sa discipline et on mène des projets simples, raisonnables et réalisables. Rien n’interdit aux enseignants de LV de participer à l’AP, au contraire car ils « doivent prendre part à la réflexion, décision sur les orientations du collège . »
Dans le projet de bulletin, de livret en collège les EPI rentrent dans le cadre disciplinaire.

Mais ce discours, s’il se veut rassurant, est trop diversement relayé sur le terrain. Et peu cohérent avec les discours tenus par les chefs d’établissement. Les inquiétudes des collègues de LVER sont fondées et le fait que les LV sont assez peu choisies pour les EPI dans les collèges pour la rentrée prochaine est assez symptomatique. Les collègues de LV préfèrent s’associer à un autre EPI ou à une autre discipline. Or si les inspecteurs reconnaissent le constat chiffré, ils affirment que les EPI peuvent être utilisés comme des « DNL » et de ce fait peuvent aider à sauvegarder les sections euros.

Lycées

Réforme du collège et sections euros en lycée

Lors du CTA du 6 juin, le SNES a demandé solennellement qu’une consigne soit donnée pour maintenir les sections euros en Troisième pour la rentrée 2016, pour assurer la continuité pédagogique et ne pas tarir le recrutement des euros en lycée, dans l’attente de nouveaux critères de recrutement.

En effet, si les sections euros en lycée ne sont pas pour l’instant directement menacées, leur recrutement va poser de vrais problèmes à la rentrée 2017 car le vivier que constituaient les sections en collège n’existera plus. De plus les textes (directives académiques ou départementales) qui régissent le recrutement sont caducs de par la réforme du collège. Il n’y a de plus aucun cadrage académique quant au recrutement en Seconde, ce qui crée de grands disparités ; et de réels dysfonctionnements dont de nombreux collègues de lycée se sont inquiétés cette année.

En effet, les risquent sont grands que ces sections deviennent des sections élitistes si les critères de recrutement ne sont pas clairs et communiqués à toutes les familles. Et obtenir une orientation en Seconde euro ne saurait être un délit d’initié.
Nous avons aussi réaffirmé notre crainte de concurrence déloyale avec les collèges privés, car nous savons que nombre d’entre eux maintiennent ces enseignements à la rentrée prochaine. Or cela aurait des conséquences désastreuses pour des collèges publics pour lesquels ces sections étaient un véritable levier contre la concurrence et servaient à maintenir une mixité sociale grandement menacée et fragilisée.

Les inspecteurs semblent partager notre analyse sur la nécessité de travailler sur des critères cohérents et qui s’appliqueraient aux différents DASEN de l’académie, nous avons insisté sur le fait que le SNES était disponible pour un travail là-dessus permettant d’apporter le regard et l’expertise des enseignants sur les critères de recrutement, que ce soit en CALV ou en groupe de travail.

Quant aux sections euros dans les collèges privés à la rentrée 2016 nous avons eu confirmation qu ’elles étaient hors la loi et que le recteur préciserait aux collèges privés qu’ils étaient dans l’obligation d’appliquer la réforme du collège.

Epreuves orales de LV au Baccalauréat

Nous avons rappelé la revendication du SNES d’épreuves orales nationales, terminales, anonymes et rémunérées. Les collègues depuis 4 ans ont massivement fait le choix d’organiser les épreuves sous la forme la plus proche de cette revendication, afin de garantir des conditions correctes pour leurs élèves, et notamment un certain anonymat. Cependant c’est au prix d’une charge de travail démesurée et d’une certaine désorganisation de la vie des lycées.

La lettre de cadrage académique et la circulaire le permettent et nous paraissent suffisamment précises mais il reste aussi des inquiétudes quant à la responsabilité des sujets. Grâce à l’action syndicale, des banques académiques de sujets ont été mises en place pour l’épreuve de compréhension orale du baccalauréat, mais elles sont trop souvent sous-approvisionnées. De plus les remontées que nous avons des collègues des lycées montrent qu’elles sont parfois réservées par les chefs d’établissement à des équipes qui n’auraient pas « su » créer elles-mêmes un sujet. Les enseignants qui souhaiteraient l’utiliser pour préserver un caractère solennel à cette épreuve du baccalauréat se voient donc culpabilisés par l’institution. Nous avons réitéré notre demande que les banques de sujets soient alimentées plus largement, notamment par la mutualisation entre académies et ouvertes à tous les enseignants sans condition.

Les inspecteurs ont semblé assez surpris par notre constat, en effet ils reconnaissant que l’accès ne peut être ouvert à tous pour des soucis de confidentialité et déplorent que ces banques soient sous utilisées mais pour eux elles sont conçues pour être utilisées par toutes les équipes qui le souhaitent. Une note dans ce sens devrait être renvoyée dans les établissements pour la rentrée prochaine afin de préciser à nouveau les conditions d’accès à la banque. De plus il devrait y avoir mutualisation des sujets avec l’académie de Nice ce qui allégerait la charge de travail pour les enseignants.

Nous resterons vigilants pour que les équipes puissent accéder à ces banques sans entrave.

Nous avons abordé la certification, et nous n’avons pas été contredites quand nous avons réaffirmé qu’elles ne sauraient être imposées aux collègues car elles ne font pas partie de nos obligations de service. Par contre nous avons bien compris que l’attachement de nos inspecteurs à ces évaluations était indéfectible.

Mutualisation d’options facultatives

Lors de la préparation de rentrée, le rectorat avait annoncé que les options réunissant moins de 10 élèves seraient menacées par la réduction des moyens en lycée. Le SNES défend la diversité de l’offre de formation et d’options dans les lycées car elle est le gage d’un accès plus égalitaire à la connaissance et à la culture pour les élèves, et une source de démocratisation de la réussite au baccalauréat. Lors du CTA du 6 juin nous avons donc voté contre le projet de mutualisation qui nous était présenté.

Si la possibilité offerte aux lycéens de Manosque de bénéficier des langues enseignées à l’école internationale nous parait aller dans le bon sens, nous considérons que le travail de mutualisation mené dans la plus grande opacité par le Rectorat et les chefs d’établissements sur Aix, Luynes et Gardanne est inacceptable. Offrir aux élèves la possibilité de suivre une LV3 dans un autre lycée que le leur peut sembler mieux que de ne rien leur offrir du tout. C’est ainsi que raisonne le rectorat.

Mais quiconque connait les lycéens d’un peu près sait qu’en réalité c’est exactement la même chose. Les élèves ne choisissent au final que les options offertes dans leur lycée et cette mutualisation est le masque pudique d’une suppression rapide. D’ailleurs le fait que des effectifs importants venus de l’extérieur doivent être accueillis dans les établissements n’a pas du tout été anticipé, preuve supplémentaire qu’en réalité personne n’y croit.

Nous l’avons dénoncé d’autant plus fortement que nos collègues ont été mis devant le fait accompli, sans que le projet soit seulement évoqué en conseil pédagogique ou en CA.

Le SNES continuera de se battre aux côtés des collègues pour améliorer leurs conditions de travail et changer le sort réservé depuis des années à l’enseignement des Langues vivantes. La remise en route du Conseil Académique des Langues Vivantes suite à nos demandes répétées permettra aux représentants des personnels de relayer régulièrement les revendications de la profession.

N’hésitez pas à nous contacter.