Le CDEN (conseil départemental de l’éducation national) s’est tenu le mardi 29 novembre 2023.
L’ordre du jour était, tout d’abord, deux mesures de re-sectorisation pour les collèges de Mallemort et de Lambesc d’une part et pour les collèges d’Aubagne d’autre part.
Dans le premier cas, la situation du collège de Mallemort par sa configuration en centre ville a exigé que les élèves de l’école de Vernègue soit re-sectorisés sur Lambesc. La FSU a demandé que du personnel soit ajouté pour la demi-pension de ce collège afin de faciliter le service de restauration qui serait engorgée à nouveau à cause de l’augmentation des effectifs. Un nouveau collège est en étude pour Mallemort mais sa construction ne pourrait être achevée que dans huit ans. L’étude de ce secteur a permis de relancer une discussion sur la nécessité d’un travail de re-sectorisation du collège J. D’Arbaud. Le CD 13 a pris note de ces demandes.
La FSU a voté pour ce premier cas de re-sectorisation.
Dans le second cas, la re-sectorisation concernait les collèges d’Aubagne afin de désengorger le collège Lou Garlaban.
La FSU s’est abstenue sur ce point car elle n’a pas reçu la garantie que les écoles qui dépendaient du collège Lou Garlaban classé REP ne perdraient pas le label.
La suite de l’ordre du jour a été sur un bilan de rentrée. Le DASEN a voulu attirer l’attention sur la hausse du niveau des élèves dans le département et en particulier en Éducation Prioritaire dans le 1er degré. La FSU a fait remarquer que cette augmentation pouvait s’expliquer en partie grâce aux dédoublements qui ont lieu en EP et qu’il est nécessaire de lier la réussite de tous les élèves à la question des effectifs par classe.
Le second point sur ce bilan de rentrée a été l’orientation. Le DASEN s’est dit attaché à ce que l’on oriente plus en lycée général et en particulier dans les établissements d’Éducation Prioritaire. La FSU a dénoncé la réforme en cours de la voie professionnelle et s’est dit inquiète du tri social qui en lien avec un travail très tôt de l’orientation en résulterait.
Deux vœux ont été émis par le CDEN auxquels la FSU s’est associée. Le première sur l’ acte 2 de l’école inclusive et le second contre l’expérimentation de l’uniforme dans les écoles et collèges du département. Le SNES-FSU a précisé concernant le premier vœu qu’en aucun cas sa volonté était de remettre en cause l’inclusion scolaire de tous et toutes mais qu’elle considérait que l’acte 2 ne pouvait être mis en place tant que le premier n’avait pas été achevé. Elle dénonce une instrumentalisation du principe d’inclusion pour une logique budgétaire de réduction des moyens.

Déclaration préliminaire

La FSU souhaite avoir en ouverture de ce CDEN une pensée à la mémoire de nos collègues, Dominique Bernard, Samuel Paty assassinés dans l’exercice de leurs fonctions par des terroristes islamistes qui instrumentalisent l’Islam et ne supportent pas que l’école publique laïque française œuvre à l’émancipation des jeunes qui lui sont confiés, quelles que soient leur origine, leur nationalité, leur religion ou celle de leurs parents. Nous n’oublions pas non plus Agnès Lassalle assassinée dans sa classe en plein cours.

L’école laïque respecte le droit de chacun à avoir, ou pas, des convictions religieuses, à pratiquer sa religion, à en faire état dans l’espace public. Mais le corpus législatif qui définit le cadre spécifique de la laïcité scolaire, espace dédié à la construction du libre arbitre et de l’esprit critique, protégé des soubresauts du monde, impose à l’État des mesures de protection des élèves et des personnels qui supposent des moyens, des personnels, de la formation.

La FSU souhaite aussi avoir une pensée pour l’ensemble des populations civiles au Proche-Orient. D’abord en condamnant l’ensemble des crimes de guerre du nouvel épisode dramatique de la guerre israélo-palestinienne. Ensuite en réitérant le vœu que le cessez-le-feu s’impose définitivement, que les otages soient libérés. En souhaitant enfin que l’ensemble des résolutions de l’ONU y soient appliqués pour une paix durable.

La mort de plusieurs milliers d’enfants en quelques semaines constitue un tel drame qu’elle pourrait rendre anecdotique la défense de certains droits. Il n’en est rien : l’accès à l’éducation reste une promesse de paix, un droit fondamental, une urgence. Partout où la guerre sévit, l’Education recule ! C’est aussi pour cela qu’il faut la faire cesser. La FSU apporte son soutien aux collègues qui dans le monde, dans les différents théâtres de guerre, continuent de faire vivre, dans des conditions parfois dramatiques l’Ecole et un avenir d’émancipation et de paix par le savoir !

L’école française forme le ou la citoyenne de demain. Mais nous ne pouvons que regretter le double discours qui consiste dans le même temps à faire de l’école une priorité présidentielle et à continuer encore et encore à supprimer des postes d’enseignantes, à réduire le nombre d’heures consacrées aux enseignements, singulièrement en lycée professionnel avec les périodes de stage et le calendrier des examens, à supprimer des disciplines, comme la technologie en collège, à maintenir des programmes scolaires élitistes et infaisables, comme ceux issus de la réforme Blanquer des lycées, à évaluer à outrance, les élèves, les écoles, à hiérarchiser et à mettre en concurrence à n’en plus finir les écoles et les établissements, à imposer enfin une bonne manière de faire l’Ecole au lieu de s’appuyer sur l’expertise de personnels formés et compétents.

Réformer l’Ecole est toujours nécessaire mais ce n’est possible que si la Nation consacre un effort particulier à la formation initiale et continue des enseignants. Force est de constater que ce n’est pas l’orientation de bon nombre des réformes actuelles entreprises par le ministère... La décision de placer à terme 100 % de la formation continue en dehors des heures de cours n’aura ainsi qu’un seul effet : le sabordage définitif de la modeste formation continue des personnels ! Quel gâchis ! Quel pilotage à courte vue !
Faire réussir l’Ecole supposerait que l’on rende leur attractivité à nos métiers. La crise de recrutement est d’abord la conséquence d’un manque de reconnaissance de notre rôle social, de la faiblesse insupportable de nos traitements et de nos pensions, de la difficulté de nos conditions de travail. Comment, alors que l’inflation se maintient, que les salaires de la fonction publique ont progressé deux fois moins vite que ceux du secteur privé sur les dix dernières années, que la perte de pouvoir d’achat concerne plus de la moitié de nos collègues, qu’un déclassement social massif est à l’œuvre. Comment donc oser prétendre que « le dossier salarial est clos » ? Où sont les 10% d’augmentation promis pour toutes et tous par le président de la République ?
Et comment prétendre que le PACTE répondrait à cette exigence de revalorisation ?
Lui qui est sollicité par à peine ¼ des collègues !
Le pacte n’a reçu aucune adhésion politique, il n’a rencontré que des collègues qui y ont vu une façon de mieux rémunérer ce qu’ils faisaient déjà ou des collègues en grande difficulté financière. Mais surtout : Aucune amélioration du service public en vue. Et une attaque frontale contre le statut de fonctionnaire.
Le ministre doit en prendre en acte : le PACTE ne répond en rien aux demandes de la profession. Pire, il ne s’adresse pas aux plus précaires d’entre eux (comme les AESH). La FSU demande que ce dispositif soit abandonné et que l’ensemble des sommes attribuées soient reversées à l’augmentation du point d’indice, ce qui représenterait une augmentation de 850 € annuel pour tous les personnels de l’Education nationale.

Nous sommes aujourd’hui le mardi 28 novembre 2023. Depuis le 6 novembre à 11h25, les femmes travaillent gratuitement. En effet les inégalités salariales entre femmes et hommes dans notre pays sont encore très fortes, y compris dans la fonction publique. Considérer que la question salariale est close dans la fonction publique est pour cette raison aussi indécent ! Le Pacte dont seul le ministre fait semblant de croire qu’il constitue une revalorisation ne pourra qu’aggraver la situation. Notre ministère a signé l’accord pour l’égalité femmes-hommes dans la fonction publique et s’est engagé à ce titre à supprimer les inégalités salariales. Force est de constater que rien n’est fait en ce sens bien au contraire. La FSU était mobilisée le 25 novembre dernier pour dénoncer les VSS.

La campagne de communication contre le harcèlement en milieu scolaire lancée par Gabriel Attal est symptomatique des dysfonctionnements de notre ministère : le harcèlement est un fléau contre lequel nous devons toutes et tous lutter. Rendre obligatoire un questionnaire anonyme à destination des élèves sans envisager pour la suite de réelles mesures pour agir : à quoi cela rime-t-il ? Nous, membres du CDEN voire des FS savons bien que procéder ainsi ne résout rien et ne fait rien avancer. La réalité aujourd’hui : des professeures démunies parce qu’il savent qu’elles et ils ont parmi leurs élèves des victimes de harcèlement sans savoir qui, aucun moyen alloué à la lutte contre le harcèlement et notamment aucune réflexion sur la nécessité de personnels en plus dans les établissements.

Mais il en va du harcèlement comme de beaucoup de choses. Des consignes, des circulaires ministérielles, de nouvelles missions, de nouvelles tâches mais pas de moyens humains et pas de reconnaissance du temps nécessaire pour les assumer.

Dans le 1Er degré, évaluations à tout bout de champ : évaluations d’élèves, évaluations d’école, évaluation des directrices et directeur d’école. Mais pas d’enseignant.e spécialisé.e supplémentaire ! Pas de nouveau moyen pour remédier. Au contraire : externalisation de la prise en charge de la difficulté scolaire, manque de moyens patents pour réussir l’inclusion scolaire, pas d’aide à la direction d’école. Pas de temps correspondant à la tâche sur les évaluations d’école.
Prenez sur les 108h ! Formez-vous sur vos vacances ! Et surtout ne prenez pas d’absence pour un stage syndical, pas de temps partiel ! Il faut un enseignant.e devant chaque classe !
Bref, chers enseignant.es ! Prenez sur vos droits, votre temps, votre formation la perte d’1/4 des moyens de remplacement en 10 ans…et prenez en plus sur vous la culpabilité de la rupture de continuité du service public !

La question que pose la politique de notre nouveau ministre est de savoir quelle Ecole nous voulons. Une Ecole de la réussite de toutes et tous ou une Ecole au service d’une petite minorité. Expérimentation Marseille : 2,5 millions d’euros et des moyens humains accordés à 1/5e des écoles de la Ville sans aucune discrimination de besoins sociaux ou éducatifs. Notre Ecole Faisans-là ensemble : même idée. Dans le même temps, Ecole Calanque de Sormiou, St-Jérôme Village 2, La Rouguière, La Soude, la Milière, St Gabriel…pour ne citer qu’elles ! Ecoles toujours pas classées en Education Prioritaire ! Et d’ailleurs, qu’en est-il tout court de la politique d’Education Prioritaire ? Existera-t-elle encore dans un an ?
Que restera-t-il des RASED puisqu’on nous promet la disparitions de nombreux postes de maître.sse E faute d’enseignant.e formée ?

Qu’en est-il enfin de la scolarisation des élèves allophones ? Certains collègues UPE2A œuvrent sur 8 écoles. Qu’en est-il du droit des élèves à 9h d’enseignement spécifique en langue française que l’Institution leur doit ?

Qu’en est-il dans le 2nd degré du droit imprescriptible à la scolarisation quand un élève doit attendre plus de 6 mois entre son évaluation par le CASNAV et son affectation dans un établissement secondaire ? Que devient-il quand il n’est pas à l’Ecole ?

Et si, dans les collèges, nous ne pouvons que nous réjouir de l’ouverture de divisions dans les établissements où cela était nécessaire, nous savons que cela s’est fait en partie par la fermeture ailleurs où la logique comptable à jouer malgré les demandes des équipes et des effectifs souvent à la limite des repères. Le solde positif de 5 divisions ouvertes en plus devrait nous satisfaire, cependant, il aurait été sûrement bien supérieur si on avait maintenu dans les établissements les heures d’autonomie que vos services ont réduit pour ouvrir des divisions. Nous voyons bien ici la limite de la gestion contrainte des moyens qui ne laisse que peu de marge de manœuvre à l’autonomie.
En réduisant de manière conséquente la part d’autonomie dans les DGHs ; en soustrayant aussi une heure au bloc science en 6e pour une heure de remédiation qui pour fonctionner en effectif réduit aura nécessité de puiser encore dans l’autonomie en supprimant des dédoublements qui existaient ; en empêchant, faute de financements autres que le PACTE, un certain nombre de projets de se tenir, les conditions d’un vrai travail d’accompagnement des élèves n’ont pas été réuni.
Il faut ajouter aussi un épuisement qui s’est très vite ressenti devant les incohérences et le mépris avec lesquels s’est mis en place « la nouvelle Sixième ». Les équipes qui ont pourtant œuvré pour répondre malgré elles aux injonctions toujours plus incroyables avec le seul souci de faire réussir leurs élèves ne se reconnaissent plus dans le travail qu’on leur demande. La mise en barrette des heures, la remédiation avec des groupes d’élèves qu’ils n’ont pas, les difficultés d’une concertation et les horaires de professeurs des écoles épuisent inutilement les équipes.
Le Plan RCD est aussi un point d’épuisement des personnels. Alors qu’il n’a aucun intérêt pédagogique proposant entre autre à un professeur de prendre une classe qu’il n’a pas ou encore un AED de placer les élèves devant une séquence numérique, il démontre l’incapacité du ministère à recruter des remplaçants et en faisant porter la responsabilités de leur absence sur les personnels, incite à refuser les formations ou conditionne les sorties pédagogiques à un remplacement potentiel. Tout cela est contre-productif puisque se former ou prévoir des sorties pour les élèves est relégué à une absence sans tenir compte de l’intérêt des élèves.
Les besoins criants des vies scolaires se font encore entendre dans le département. Comment prévoir le remplacements des AEDs quand seul 13 ETPs sont prévus pour cela et que les besoins l’an dernier étaient de 50 ETPs ? La vidéo-surveillance et les grilles ne peuvent être la seule solution. Et puis, pourquoi ne pas demander à des AEDs de remplacer des cours en projetant aux élèves des séances numériques ?
Les conditions de travail des personnels AESHs ne sont guère plus enviable, travaillant dans des PIALs qui rendent les personnes interchangeables. Le problème évident de recrutement parce que ces métiers ne sont pas valorisés comme ils devraient entraîne des situations inadmissible où des élèves n’ont pas le juste accompagnement qui leur revient. Si on y ajoute, les projets de transformer leur rôle en un contrat plus flexible, plus polyvalent, pour leur permettre de faire d’autres tâches et ainsi pour gagner plus, le mépris atteint des sommets. Du mépris encore pour la qualité de notre travail qui conduit encore à l’épuisement des personnels.
Nous allons aussi devoir nous prononcer sur de nouvelles cartes scolaires. A la FSU, nous pensons qu’il est nécessaire de travailler sur la répartition au mieux des élèves pour désengorger des établissements surchargés et pour accéder à une plus grande mixité sociale. Cependant, nous voulons rappeler aux collectivités locales qu’il manque des écoles et des collèges dans le département. Et il est impossible de continuer à vouloir une vraie mixité sociale, condition indispensable de la réussite de tous et toutes, quand on finance l’enseignement privé qui s’exonère des règles de la carte scolaire. L’argent public ne doit aller qu’aux établissements publics
La FSU veut enfin faire entendre aux collectivités locales qu’il n’est pas possible de travailler correctement dans un bâti qui est délabré et ne prend pas en charge les changements climatiques en cours. Comment peut-on demander à des élèves de travailler correctement alors que les températures des salles dépasse les 30 degrés en juin et septembre ? Trop d’établissement dans le 1er et le 2nd degré restent des passoires thermiques. Il faut agir et vite.
Face à ce bilan inquiétant, la FSU continue de revendiquer un plan d’urgence, incluant les dotations d’enseignants, les équipes pluri-professionnelles, les AEDs, les AESHs, la rénovation des bâtiments, afin de rattraper les retards accumulés mais aussi pour permettre de mener une vraie politique scolaire dans les établissements. Elle demande à tous les acteurs, municipalités, département, État d’investir rapidement et pleinement dans ce plan.
Pour construire une École égalitaire qui corrige les inégalités sociales pour donner les moyens à chacun.e de réussir ! Une École du sens et des savoirs, de l’émancipation faite par des personnels à qui on aura donné les moyens de se former et d’exercer leur expertise au quotidien, pour les élèves !

Le SNES-FSU des Bouches-du-Rhône : Angélique Muniga, Julien Weisz, Nicolas Bernard-Hayrault